Suite à la naissance de chaton, nous préférons les
garder"secret" leurs premières semaines de vie car
malheureusement, Dame Nature n'est pas toujours juste et elle peut
nous faire sentir totalement impuissant.
A peine sont-ils nés, que nous y sommes
directement attachés et même s'ils rejoignent les étoiles,
quelques heures plus tard, le deuil, le choc est bien là. On
pourrait croire, à tord, que c'est facile, mais ça ne l'est
pas. Alors, nous préférons ne pas devoir, en plus, annoncer
la fin de leur vie à une éventuelle famille qui se serait déjà
projeté avec ce futur membre de la tribu.
Car oui, la mort est, statistiquement et
véritablement, bien présente chez les jeunes chatons. Ce
n'est pas un cas rare... Ce serait même une "banalité"
tellement c'est "normal" d'en perdre 1 ou 2 dans une portée.
En tant qu'éleveur, on pourrait penser qu'on n'y prête plus
attention, mais nous estimons que chaque vie est importante, quel
que soit la durée de sa présence à nos côtés ! Donc, aux
premiers signes (quand il y en a), on se bat. On se bat de
toutes nos forces, avec le chaton et la vétérinaire, mais malgré
tout, dans beaucoup trop de cas, des étoiles montent au ciel.
Tout commence à la mise bas... Il arrive
d'avoir des morts-nés. Pas par la faute de l'éleveur ou du
vétérinaire, et encore moins de la maman. Mais soit le
chaton était mort in-utéro, soit l'accouchement a été trop long,
par exemple. Quand il n'y a qu'un bébé, c'est facile de se
dire "ah là, c'est trop long, amenons maman pour une césarienne",
mais quand on sait qu'une portée chez les maines coons se compose,
en moyenne de 4 chatons. Cette estimation est beaucoup plus
délicate car il est normal d'avoir un certain délai entre les
naissances. A savoir que c'est tout à fait possible d'avoir
un écart allant jusqu'à 24h entre 2 bébés ! Un manque d'air
provoquant la mort d'un chaton est fait en quelques
secondes. Comment les repérer lorsque ces quelques secondes
sont noyées dans ces 24h ?! A côté de cela, bien évidemment,
nous sommes attentifs lors de toute la durée de la mise bas et il
y a bien des signes qui nous alertent, auxquels nous apportons une
attention particulière et suite auxquels nous prenons des
décisions dans l'urgence. Mais, vous l'aurez compris, avec
la meilleure volonté du monde, à moins de faire une césarienne
d'office, personne n'est jamais à l'abri d'un mort-né, sans que sa
responsabilité soit mise en cause.
Après la (les) naissance, il y a une multitude de
raisons qui font que nous pouvons perdre un chaton !
La première, ce sont les malformations:
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Les intestins ou le coeur peuvent être à l'extérieur du
corps. Une chirugie à cet âge est quasi impossible mais
surtout, pour quelle, éventuelle, qualité de vie par la suite
?!
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Il peut y avoir des fentes labiales, des fentes palatines qui
rendront l'alimentation difficile, voir impossible.
Selon la gravité des cas, on pourra nourrir par sonde et par
la suite, tenter l'opération une fois le chaton ayant quelques
mois, ou l'on pourra l'euthanasier pour lui éviter de souffrir
inutilement.
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Il peut y avoir également des malformations neurologiques,
cardiaques ou respiratoires, des choses qui font qu'on ne voit
rien, mais qu'il y a quelque chose qui ne fonctionne pas.
Ensuite,
on a les complications suite à la mise bas:
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Si le chaton a bu la tasse, il peut très vite attraper une
pneumonie. S'il est costaud et qu'on s'aperçoit des
signes assez tôt, la prise d'antibiotique adéquat peut le
sauver à temps (mais généralement, le chaton part en 24 à 48h
maximum).
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Si l'accouchement a été (trop) long car beaucoup de bébés, par
exemple. Même si tout s'est bien passé (visuellement) il
se peut que le chaton ait avalé du liquide amiotique contaminé
par des bactéries qui auraient pu s'immiscer suite à la perte
du bouchon muqueux. Ce sont des chatons qui vont
développer une infection qu'il faudra traiter, à temps,
rapidement, avec des antibiotiques.
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Lors de la naissance, la maman, perce souvent la poche avec
ses dents, lèche, nettoie le bébé du liquide amiotique et du
sang, coupe le cordon et mange le placenta. Dans tout ce
processus, il se peut qu'elle donne un coup de dent au
chaton. Soit, ça lui fera une "simple" griffure et il
risquera une infection, puis une scepticémie. Soit, elle
peut le blesser mortellement. Soit, elle peut tirer
tellement fort sur le cordon en voulant le couper, qu'elle
déchire la peau et je vous laisse imaginer les dégâts
(mortels).
Et
puis, il y a tout le reste:
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Le manque d'expérience de la mère (ne tiendra pas le nid au
chaud, ne restera pas assez près d'eux pour les tétées qui
sont toutes les 2h au début, ne fera pas leur toilette,
etc.). C'est ici qu'on (les éleveurs) a un grand rôle à
jouer, celui d'observer et savoir quand il est temps de
prendre la relève ou de lui montrer comment faire.
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La bêtise de maman... Ca peut être une chatte stressée
par ces p'tites choses qui crie de faim, ça peut être stressée
par la montée de lait qu'elle ne comprend pas, ça peut être le
bruit du chat du voisin ou d'un étranger qui vient dire
bonjour, tout comme ça peut être plein d'autres choses, mais
une chatte stressée peut rejeter ses bébés, voir les tuer dans
les cas les plus dramatiques ! Elle peut aussi
"simplement" les changer de place (du nid vers le lit, puis du
lit vers le tiroir ouvert, etc.) toutes les 5 minutes avec
tous les risques que cela implique. Elle peut aussi
décidé pour une raison qui nous échappe, d'installer ses bébés
dans le panier bien douillet de l'arbre à chat, vous savez,
celui qui est à 1m70 du sol d'où les bébés peuvent tomber(pour
info, nos mamans sont dans une pièce rien qu'à elle, avec un
arbre de 75 cm de haut max).
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Le manque de lait ! Un chaton peut très bien être
scotchée à la mamelle de sa maman H24 et ne pas boire une
seule goutte de lait. Ca nous est déjà arrivé qu'un
chaton mette une dizaine de jours pour comprendre comment bien
téter (différence entre tétouiller et téter). Dans ce
cas, vu que nous les pesons 1 à 2 fois par jour, nous le
voyons assez vite et nous biberonnons.
La maman peut avoir du retard dans la montée de lait (voir une
absence totale de montée de lait) et elle peut simplement ne
pas avoir de lait pour tout le monde. Donc, biberonS
avec un rythme bien particulier selon l'âge.
- La
maman peut avoir eu du lait et puis, plus assez, voir plus du
tout (stress, maladie, sevrage, etc.). Si le chaton n'a
pas le déclir d'aller goûter, puis manger du solide, il est
faux de penser qu'il ne se laissera pas mourir de faim.
Il peut très bien continuer, sans relache, à téter maman alors
qu'il n'y a plus une seule goutte de lait. De nouveau,
en les pesant, on s'en aperçoit et on prend la relève avec des
biberons et en lui présentant régulièrement de la pâtée, voir
en lui mettant un p'tit bout directement dans la gueule.
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Ils peuvent boire le lait "par le mauvais trou" et de nouveau,
partir sur une pneumo...
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Ils peuvent mourir à cause d'une mauvaise température...
S'il fait trop chaud dans le "nid", ils risquent très fort une
déshydratation et ils meurent. S'il fait trop froid et
que leur température descend sous les 34°, leur estomac n'est
plus capable de digérer les aliments ingérés et ils
meurent. On ne parle pas de température record ici, un
nid doit être entre 29 et 32° la 1ère semaine de vie d'un
chaton car s'il a moins de 3 semaines, il est incapable de
contrôler sa température seul !
- Un
tout jeune bébé peut très bien être retrouvé mort un matin,
juste parce qu'il a été entraîné par sa mère, en dehors du nid
(volontairement ou non) durant la nuit.
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Ils peuvent avoir une infection au cordon ombilicale (ou à une
griffure) et partir d'une scepticémie si l'antibiotique n'a
pas été donné assez rapidement (on ne s'en aperçoit pas
facilement).
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Ils peuvent être infecté par (le lait ou non) de maman
=> Mamam a une mastite
=> Maman a une infection gynécoloqique
=> Maman a un virus, une bactérie
Dans ces cas-là, en plus des médicaments, on sépare la maman
des bébés et on biberonne le temps qu'elle n'ait plus de lait
et puis on peut les réunir.
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Ils peuvent partir en diarrhée pour une multitude de raisons
comme simplement une gastro, ou durant le sevrage (passage
d'une alimentation à une autre), ou durant les chaleurs de
maman car les hormones modifient la composition du lait que le
chaton ne sait plus digérer correctement. Avec une
diarrhée, on va d'abord essayer de donner un pansement
intestinal, des probiotiques, et puis, on pourra passer aux
antibiotiques si le reste n'a pas suffit. Mais un chaton
se déshydrate très vite, donc, une simple gastro peut lui être
mortelle, à cause de cela, notemment.
- -
A l'inverse, une constipation est très dangereuse !
* Suite à une diarrhée, il se peut qu'on passe de
l'autre côté...
* Ou alors, en cas de biberonnage, souvent le
lait en poudre les constipe.
* Lors du sevrage aussi... Un chaton
"nouveau-né" ne sait pas uriner/déféquer seul, il doit être
stimulé par les léchages de maman (ou par un frottement d'un
gant de toilette mouillé, par exemple). Lorsque ses
intestins sont censés se mettre en "marche" tout seul, le
chaton est en cours de sevrage souvent, vers 3-4 semaines
donc, et on peut se rendre compte, seulement à ce moment-là
que leur cils intestinaux ne fonctionnent pas correctement et
la constipation gagne rapidement du terrain.
=> Dans tous ces cas-là, on essaye alors de donner du lait
avec de l'eau de la marque Hepart, de mettre moins de poudre
de lait dans la préparation, de donner des vitamines
"Nutriplus" car elles sont très grasses, on tentera aussi de
donner de la paraffine (dans la bouche et/ou dans l'anus pour
graisser et faciliter l'avancement / la sortie des selles), on
massera des heures les bidous durs et douloureux, on donnera
des bains de siège pour tenter d'attendrir les selles (et
l'anus), on finira par donner de quoi faire un lavement
intestinal. Et tout ça, en limitant la nourriture pour
ne pas créer de plus gros bouchons, mais sans qu'il ne
s'affame, en espérant que les vitamines limiteront le risque
d'hypoglycémie et qu'on ne basculera pas dans la diarrhée non
plus. Assister au décès d'un loulou par une occlusion
intestinale, c'est horrible car il "suffirait" que ça se
débouche pour qu'il vive, et on fait tout ce qu'il faut
pour. On voit le chaton qui pousse de toutes ses petites
forces et qu'au fil des heures, il s'épuise, poussant de moins
en moins et là, on sait qu'on continue de se battre car on
croit au miracle, mais c'est bien de cela qu'il s'agit.
Si le chaton a passé un certain âge, une intervention
chirurgicale peut être envisagée, mais avec un risque
d'incontinance fécale (quelle vie !) selon les cas.
De
façon générale, je dirais qu'un chaton reste très fragile
jusqu'à son sevrage complet, vers 5-6 semaines finalement.
Avant cela, la moindre chose peut le tuer en quelques heures,
voir quelques jours tout au plus. Tandis qu'après, on a
mieux le temps de s'apercevoir d'un problème, d'y trouver une
solution et que le chaton aie le temps d'assimiler les
médicaments pour combattre ce qui le diminue.
Malgré
tout, nous ne sommes pas à l'abri passé cet-âge... Je
garderais toujours dans un coin de mon coeur, une pensée toute
particulière pour "Roi Simba" qu'on a dû endormir car une
fistule l'empêchait de défêquer normallement, il devait avoir
des lavements tous les jours, des nettoyages de la plaie
plusieurs fois par jour, il avait certainement très mal au
ventre et poussait très fort une grosse partie de ses
journées. Nous avons pris cette malheureuse décision qu'il
avait dépassé ses 2 mois !
Le
métier d'éleveur (car oui, c'est un métier pour ceux qui font ça
correctement et qui ont conscience de tout ce que cela implique)
n'est pas facile, à plus d'un titre, mais cette passion qui nous
anime, créée des déchirements, des situations chaotiques, des
choix difficiles et des heures de tracas, de prières et de
pleurs.
Est-ce que le "jeu" en vaut la chandelle ?
Sans aucun doute, oui !
C'est clair qu'il y a toutes ces injustices qui nous plongent
dans le doute, dans la colère et la tristesse, mais il y a tous
les autres qui réchauffent nos coeurs, qui nous font sourire,
rire souvent même, de par leurs cooneries, et puis, au delà de
tout l'amour qu'ils nous apportent lors de leur passage chez
nous, il y a le coup de foudre auquel on assiste lors des
premières rencontres avec leur famille, ces étoiles dans les
yeux de leur nouveaux "gardiens", toute ces émotions nous
reboostent, on en devient addict et les voir s'épanouir dans
leur nouveau foyer, être choyés, aimés et gâtés comme ils le
sont, dans notre cas, ça nous donne la force et le courage de
continuer d'affronter Dame Nature lorsqu'elle décide d'un sort
horrible pour une être innoncent.
Mais
jamais, jamais ils ne quittent nos coeurs et ils aurant toujours
une place dans nos pensées. Ils sont nos étoiles et ils
seront toujours nos précieux loulous disparus !