La
PIF fait peur, car il n'y a pas de traitement avéré, que ce soit
pour la forme humide ou sèche, et l'issue est généralement fatale,
à plus ou moins court terme.
La PIF fait (donc) peur parce qu'il n'y a pas de traitement
(officiel - voir ci-dessous), pas de vaccins, et pas de
possibilité concrète d'éradication de la maladie. Donc quand la
PIF frappe, on est démuni.
Elle fait peur aussi parce que malgré tout, son mode opératoir
n'est pas vraiment connu. C'est une sorte de truc tentaculaire aux
multiples formes, fourre-tout "pratique" quand le véto ne sait pas
trop ce qu'a un chat mal en point qui ne réagit pas aux
antibiotiques ou traitements normalement efficaces.
Elle fait peur enfin parce qu'elle peut être partout.
Alors, c'est quoi, la PIF ?
C'est la maladie qui apparaît quand un virus habituellement
inoffensif (ou presque - on le soupçonne de causer des diarrhées
transitoires, mais rien de méchant), le coronavirus, mute* et
prend le contrôle des macrophages (sorte de globule blanc qui
"bouffe" les virus) dont il détourne la fonction à son prore
usage. Ce faisant, le virus cause bien des dégats aux vaisseaux
sanguins, aux organes... etc.
* la
théorie de la mutation des coronavirus ne met pas tous les
chercheurs d'accord ; certains penseraient que la maladie se
déclenche avant la mutation, et occasionne ensuite la mutation.
Attention, il faut bien distinguer les coronavirus "normaux" et
les "mutants". Sans être nos amis, les coronavirus "normaux" sont
sans conséquences notables. Disons qu'un chat normalement soigné
n'en souffre pas du tout.
Les "mutants" par contre ont la haine, et s'ils déclenchent une
PIF humide, le chat n'a que quelques jours à vivre (une dizaine,
un peu plus avec l'aide de votre véto).
Les symptômes peuvent être très variables : problèmes
neurologiques, oculaires (uvéite), mais le plus souvent,
abattement, perte d'appétit, fièvre ne réagissant pas au
traitement, et liquide (pour la forme humide) dans le thorax ou
l'abdomen ; liste non exhaustive !
C'est contagieux ?
Oui, et... non : c'est contagieux sous la forme "normale"
(inoffensive), par les selles (les fèces). Les chats sont alors
porteurs sains, et peuvent par moment (en période d'activité du
virus, quand il se multiplie) l'excréter (le disséminer dans
l'environnement).
=>
On peut demander des tests de charge de coronavirus, mais cela ne
voudra rien dire, puisque ce n'est pas parce qu'il y a des
coronavirus que le chat va forcément déclencher une PIF.
Une fois mutés, les virus restent dans le corps du chat, donc le
chat "malade" (qui exprime la maladie) n'est plus vraiment
contaminant.
Ce qui
est donc contagieux, c'est le virus de base, celui qui ne fait
"rien".
Pourquoi un chat déclare-t-il une PIF ?
On ne
sait pas ce qui fait la différence entre un chat qui vivra avec
ses coronavirus et un autre qui mourra d'une PIF.
Dans
les suppositions, il y a le rôle de l'environnement : L'hygiène,
la surpopulation. Mais aussi le niveau de stress dans lequel vit
le chat (expos, bagarres de rue, harcèlement, mauvais traitement,
problèmes de santé nécessitant des soins lourds invasifs ou
stressants etc).
Il y a aussi une suspicion de facteur génétique, avec une
"mauvaise réponse" (réponse inadaptée, trop forte) des cellules
immunitaires.
L'alimentation industrielle est aussi mise en cause : la PIF
survenant d'un mauvais fonctionnement immunitaire, on peut
supposer qu'un déficit en acides aminés ou autres éléments
nutritionnels peut handicaper l'organisme.
Mais pour le moment, on ne sait rien avec certitude, on ne fait
que "penser que"... et les études manquent (par manque de moyens
financiers, consacrés à des maladies plus cernables que la PIF
dont on ne sait jamais si tel chat qui a survécu avait vraiment la
PIF, ou si tel traitement a vraiment eu un impact ou pas sur les
résultats).
Comment sait-on si notre chat peut avoir la PIF ?
Dans
les trucs pas glop, le diagnostic de la PIF est... quasi
impossible à confirmer à 100%.
Il n'y
a pas de test "PIF", ça n'existe pas. Pour confirmer son
diagnostic, le vétérinaire devra croiser plusieurs informations,
et même ainsi, le diagnostic reste de l'ordre de la suspicion.
Dans un premier temps, un prise de sang peut déterminer le titrage
(le nombre d’anticorps au corona virus), si ce dernier est
anormalement élevé, une “PCR” peut-être effectuée à partir des
selles du chat visé (attention, les excrétions ne se font pas à
chaque selle, il est donc important d’introduire des selles d’au
minimum un jour d’intervalle pendant 3 jours par exemple).
N'acceptez pas une euthanasie tant que votre chat semble aller, et
encore moins s'il semble aller et que le véto n'a pas croisé
plusieurs examens.
Une avancée ± récente (été 2013 !) a isolé une protéine
(Spike-protein) qui semble spécifique au virus muté. On peut
imaginer que dans un avenir proche, le diagnostique (mais pas le
traitement) sera possible !
On entend souvent "mon chat est positif à la PIF", alors qu'en
fait, il est juste positif aux coronavirus. Un seul résultat
positif au dépistage de coronavirus ne suffit pas à poser un
diagnostic de PIF, et surtout, si votre chat est en bonne santé,
il n'a pas la PIF (même avec un taux explosif de coronavirus).
La charge virale en coronavirus donne une indication du risque de
mutation : un chat qui a une faible charge garde ses coronavirus
"sous contrôle" : le risque d'une mutation est faible.
Un chat négatif, c'est délicat : certes, il ne déclenchera
jamais de PIF tant qu'il restera hors de portée d'un
coronavirus, c'est super rassurant au premier abord. Mais
...comme les coronavirus sont partout, il faut garder son chat
cloîtré et empêcher toute infection possible ! Cela signifie
concrètement : pas de compagnon sauf si chat négatif, pas de
voyage (en train par exemple), pas de passage en pension,
attention chez le véto, pas d'expo bien entendu, pas de visites
de personnes ayant des chats, car elles peuvent véhiculer du
virus sur leurs habits, sous leurs semelles de chaussures, sans
oublier ce que vous, vous pouvez rapporter sous vos
chaussures... de quoi devenir totalement paranoïaque !!!
Un chat
faiblement à moyennement chargé, c'est "normal".
Un chat à
charge
élevée,
ce n'est pas encore synonyme de catastrophe car d'une part
ça ne veut pas dire qu'il est malade et d'autre part la
charge évolue dans le temps, et diminue avec l'âge si le
chat est gardé dans des conditions normales de vie (bonne
alimentation, pas de stress, bonne hygiène etc).
La charge peut aussi augmenter, sous
l'effet d'un stress (d'une saillie, une bagarre, un incident - le
départ d'une personne proche du chat - une expo...) : si elle
augmente, c'est que le virus se multiplie. Si le virus se
multiplie, le risque de mutation augmente, et donc le risque (on
parle de risque, pas de certitudes !) de PIF aussi.
OK, j'entends... Mais je ne veux pas d'un chaton qui puisse avoir
la PIF !!!
Personne ne voudrait d'un chaton qui puisse mourir comme ça !
Mais... Personne ne peut garantir qu'un chaton n'aura pas la PIF :
même si on ne travaillait qu'avec des chats négatifs, on ne
pourrait jamais certifier que les conditions dans lesquelles le
chaton sera maintenu (par vous !) le protègeront toute sa vie. La
question est trop complexe.
Si vous avez déjà un chat négatif aux coronavirus, et que vous
êtes prêt à surprotéger votre futur chaton, alors il est sage de
chercher un chaton négatif (attention, pour être négatif, un chat
doit avoir subi plusieurs mesures à 2-3 mois d'intervalle, et être
négatif par pcr sur écouvillon rectal ET pcr sur sang - un seul
résultat négatif sur pcr sur sang ne veut rien dire ; à ce
moment-là, tous mes chats sont négatifs !!!) ; mais sinon, c'est
inutile, et mon opinion est que le risque de PIF fait "partie" du
chaton, comme celui de... diabète, insuffisance rénale, tumeur x
ou y, accident domestique ou de la route... il fait "partie" de la
vie, et la plupart des chats le gèrent sans tomber malades.
La loi protège l'acquéreur d'un chaton s'il y a suspicion de PIF
(sur certificat de suspicion établi par un vétérinaire à partir de
symptômes précis : fièvre persistante ne répondant pas aux
traitement, perte d'appétit, ascite ; comme déjà mentionné, le
seul résultat d'anticorps dans le sang ne suffit pas) dans les 21
jours suivant l'acquisition du chaton. Au-delà, l'éleveur n'est
plus engagé.
Mes conseils si votre chat a la PIF :
Informez l'éleveur du chaton : Il a besoin de
savoir, ne serait-ce que pour croiser les informations (le vôtre
est-il un cas unique, ou bien l'arbre qui cache la forêt ?). Ca
ne lui plaira sans doute pas, et il voudra sans doute s'assurer
que ce n'est pas autre chose, mais quelle que soit sa réaction,
il doit en être informé. Je ne parle pas de faire un geste
envers vous : il n'a aucune obligation légale, et rien de ce
qu'il pourra dire ou faire n'aura une incidence sur l'avenir de
votre chat malade (même un geste financier reste discutable car
si cela peut permettre d'envisager un traitement aux
interférons, rien ne garantit que votre chat a vraiment une PIF,
ni que les interférons changeront vraiment quelque chose) .
Informez-vous,
et apportez des questions ou des pistes à votre vétérinaire ;
laissez du temps à votre chat, mais un temps actif, où vous
mettez tout en œuvre pour le soulager (ponction du liquide en
cas de PIF humide, même en week-end) .
Sollicitez
votre chat pour qu'il mange, boive, joue (donnez des
friandises à la viande séchée dans des "jeux" où il faut
chercher sa nourriture).
Ne vous
faites pas de faux espoirs, mais ne baissez pas non plus
les bras tant que votre chat se bat.
En prévention :
- - Gardez une bonne hygiène de la litière
(enlever les crottes le plus souvent possible et laver le
bac à la javel régulièrement).
- -
Une nourriture saine.
-
-
Limitez les stress : Sans garder votre chat dans une
bulle de verre pendant des années, évitez de lui imposer
des situations auxquelles il ne peut pas échapper (je
pense aux visites d'enfants bruyants ou brusques, qui
peuvent ne pas respecter la volonté de fuite du chat
"trop mignon" ; aux expos si vraiment ce n'est pas sa
tasse de thé, aux bagarres ou aux pressions d'un autre
chat qui n'accepte pas "le nouveau" etc).
Depuis peu, il existe un traitement !!!!!!
Tout ça n'est pas encore finalisé, mais des groupes sur Facebook
existent avec de nombreux témoignages encourageants et des
personnes prêtes à vous aider dans vos démarches, n'hésitez pas
à les rejoindre.
Explications largement trouvées sur le site http://playcat.jimdo.com/ que je remercie vivement ainsi que notre vétérinaire exemplaire et disponible,
le docteur ZICOLA Angélique pour sa patience et ses nombreux coups de main dans la compréhension de cette maladie !